Résumé
L'objectif de cette étude est d'évaluer la corrélation entre le score à l'échelle d'impression globale clinique (CGI) obtenu immédiatement chez les patients ayant subi un psychotraumatisme et la survenue d'un trouble de stress post-traumatique à distance de l'événement traumatique. Ceci pourrait permettre, à l'avenir, de mettre en place un rappel téléphonique systématique des patients psychotraumatisés lorsqu'ils ont un score élevé sur l'échelle CGI, et ainsi détecter le plus tôt possible la survenue d'un trouble de stress post-traumatique et l'orientation de ces patients vers une prise en charge spécialisée.
Description
Unité fonctionnelle du Service d'aide médicale urgente (SAMU), la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) est un dispositif médical d'urgence et assure la prise en charge médico-psychologique immédiate et post-immédiate des blessés psychiques en situation de psychotraumatisme. La CUMP assure également le suivi post immédiat de ces patients, ainsi que l'organisation départementale de la consultation de psychotraumatologie.
Au cours de la prise en charge, les victimes sont orientées, avec un rappel téléphonique qui peut être décidé, permettant une réévaluation à distance des éventuelles séquelles psychotraumatiques de l'événement. Ce rappel téléphonique fait partie de la pratique courante après une intervention de la CUMP. L'objectif est alors la détection précoce des séquelles permettant une orientation rapide sur des filières de soins spécifiques, en particulier sur la consultation de psychotraumatologie.
L'état de stress post-traumatique est une entité syndromique réactionnelle à l'expérience d'un événement traumatogène (défini par la confrontation brutale, soudaine et inattendue avec la mort, ou la perte de l'intégrité physique ou psychique), regroupant des symptômes intrusifs de reviviscence, un évitement comportemental des stimuli liés à l'événement traumatique, des altérations négatives persistantes des cognitions et de l'humeur, et une hyperactivité neurovégétative, provoquant une détresse cliniquement significative et altérant le fonctionnement habituel du sujet.
L'expérience d'un événement psychotraumatique au cours de la vie est fréquente. Les données épidémiologiques montrent une prévalence au cours de la vie d'environ 30%. Pendant et/ou dans les heures qui suivent un événement psychotraumatique, les personnes subissent des bouleversements psychologiques, physiologiques et émotionnels appelés détresse péritraumatique. Bien que la plupart des personnes se rétablissent d'elles-mêmes, une partie d'entre elles (8,3 %) développent un trouble de stress post-traumatique.
Or, l'une des principales caractéristiques du syndrome de stress post-traumatique est la présence de symptômes d'évitement. L'évitement peut prendre différentes formes telles que la non-confrontation avec tous les indices évocateurs de l'événement traumatique tels que les lieux, les personnes et les situations liés à l'événement traumatique, mais aussi l'évitement des pensées, des souvenirs, des conversations liés à l'événement traumatique. Cet évitement des pensées et des conversations peut constituer une barrière à l'entrée dans une psychothérapie centrée sur le traumatisme. En effet, parler de l'événement traumatique va à l'encontre de cet évitement. Une démarche proactive à distance de l'événement pour réévaluer la symptomatologie des personnes concernées et ainsi proposer une orientation vers une prise en charge spécialisée dans le domaine du psychotraumatisme afin de contrer l'évitement semble tout à fait pertinente.
En effet, des études montrent l'intérêt d'un suivi téléphonique par la Cellule Médico-Psychologique 15 jours avant un rapatriement d'urgence de Français lors de la guerre du Liban en 2016. D'une part, le rappel téléphonique à distance de l'événement est vécu positivement par les personnes impliquées dans l'événement et a pu mettre en évidence la présence de symptômes de stress post-traumatique dans 23% des cas. D'autre part, 56% des personnes ont pu être orientées vers une prise en charge médico-psychologique adaptée suite à cet entretien téléphonique.
Cependant, selon les situations, tous les sujets impliqués dans un événement psychotraumatique ne peuvent être réévalués, notamment lorsque l'événement implique un trop grand nombre de personnes. D'autre part, une proportion importante de sujets ne présentera pas de séquelles psychotraumatiques. Dans ces conditions, il semble pertinent de pouvoir définir la proportion de sujets psychotraumatisés les plus à risque de développer un état de stress post-traumatique (ESPT). Les données de la littérature montrent qu'un niveau élevé de détresse péritraumatique est largement associé à la sévérité des symptômes de stress post-traumatique.
Ainsi, les réactions de détresse péritraumatique seraient un bon indicateur du risque de développer un état de stress post-traumatique ultérieur. Plusieurs questionnaires existent pour évaluer cette détresse péritraumatique. Cependant, dans une situation de catastrophe et compte tenu du grand nombre de victimes potentiellement impliquées, il peut être intéressant d'utiliser un outil d'évaluation rapide et global.
Pour ce faire, l'item de sévérité de l'échelle d'impression clinique globale répondrait à cette réalité clinique.
Hypothèse de recherche
L'hypothèse est que l'item de sévérité de l'échelle d'impression clinique globale évalué immédiatement après chez un sujet ayant vécu un événement psychotraumatique est un prédicteur des symptômes de stress post-traumatique à 1 mois et à 6 mois. Les investigateurs s'attendent à une corrélation entre les scores du PDI et l'item de sévérité de l'impression clinique globale tout en contrôlant les caractéristiques sociodémographiques du travailleur ainsi que son expérience clinique. Les patients inclus auront des profils similaires et seront confrontés au même type d'événement traumatique.
Protocole succinct
Visite d'inclusion : évaluation psychiatrique, données sociodémographiques, questionnaire (CGI et Peritraumatic Distress Inventory scale(PDI))
Visite de suivi : M1 et M6 : appel téléphonique (questionnaire Post traumatic stress disorder Checklist Scale (PCL 5), Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI) : épisode dépressif majeur, trouble de la consommation d'alcool, trouble lié à une substance (non alcoolique).
Résultats attendus
Les chercheurs attendent de ce travail qu'il confirme la prédiction entre le score initial au CGI et le score à M1 et M6 au PCL5. Ce résultat permettra de définir un seuil initial au CGI permettant de prédire la survenue d'un état de stress post-traumatique constitué, défini par un score supérieur ou égal à 33 au PCL5. L'objectif est de mettre en place un protocole de rappel systématique des sujets présentant un état de stress aigu pour lequel un score CGI initial sera supérieur au seuil déterminé, afin de pouvoir, en fonction de la symptomatologie ultérieure, proposer une prise en charge précoce. et l'orientation vers un état de stress post-traumatique. Ce protocole de rappel sera intégré dans les pratiques de routine et déployé sur le service d'accueil des urgences de l'Hôpital.