Plusieurs éléments suggèrent que la vulnérabilité suicidaire pourrait être associée à une altération de la perception du toucher affectif. D'une part, l'anhédonie, caractérisée par une diminution du plaisir ressenti, est fortement associée aux idées suicidaires, indépendamment de la dépression. Or, la capacité à ressentir du plaisir est essentielle dans la perception du toucher affectif. D'autre part, les comportements suicidaires sont associés à des difficultés interpersonnelles, dont la communication fait partie intégrante, et la communication passe en partie par le toucher. Les investigateurs souhaitent donc explorer la perception du toucher affectif dans les comportements suicidaires en utilisant une stimulation tactile affective chez 72 sujets avec et sans antécédents de tentatives de suicide (TS).

Cette étude vise à comparer la nature hédonique perçue du toucher affectif chez des sujets euthymiques ayant des antécédents d'AS et des sujets euthymiques n'ayant pas d'antécédents d'AS. Les investigateurs visent également à : comparer la nature hédonique perçue du toucher non affectif dans cette population ; comparer l'intensité perçue du toucher affectif ; comparer l'intensité perçue du toucher non affectif ; étudier l'association entre la performance décisionnelle et le caractère agréable perçu du toucher affectif par rapport au toucher non affectif ; étudier l'association entre les niveaux de bêta-endorphine plasmatique et l'agrément perçu du toucher affectif par rapport au toucher non affectif ; étudier l'effet de la stimulation tactile sur l'expression des gènes opioïdes, en comparant les niveaux d'ARNm de 6 gènes codant pour des récepteurs opioïdes et des peptides avant et après la stimulation tactile ; étudier l'association entre la variation de l'expression des gènes opioïdes liée à la stimulation tactile et la perception du caractère agréable d'un toucher affectif par rapport à un toucher non affectif. Pour ce faire, 72 femmes euthymiques seront incluses et divisées en deux groupes : 1) les patientes euthymiques ayant connu au cours de leur vie un épisode dépressif majeur et des antécédents de comportement suicidaire ; 2) les patientes euthymiques ayant connu au cours de leur vie un épisode dépressif majeur et n'ayant pas d'antécédents de comportement suicidaire. Les participants seront soumis à une stimulation tactile (affective et non affective), après une évaluation clinique et neurospychologique. Pendant le toucher expérimental, les participants seront invités à évaluer le caractère agréable du toucher et son intensité. En outre, des échantillons de sang seront prélevés avant et après la stimulation. La participation se fera en une journée ou en deux visites, à 72 heures d'intervalle. Les chercheurs s'attendent à ce que : 1) les sujets ayant des antécédents de TS aient une perception moins agréable du toucher affectif que les sujets sans antécédents de TS ; 2) la différence entre la perception agréable du toucher affectif et non affectif soit plus faible chez les patients ayant des antécédents de TS ; 3) la prise de décision soit liée à la nature hédonique du toucher affectif ; 4) un changement dans l'expression des gènes opio-idergiques. Cette étude contribuera à une meilleure connaissance de la vulnérabilité aux comportements suicidaires et à une meilleure compréhension de la psychopathologie afin de proposer des stratégies de prévention et de prise en charge spécifiques et plus adaptées.