En France, on estime que près de 1,5 million de personnes sont concernées. La plupart sont âgées, mais la maladie peut aussi toucher des personnes plus jeunes, notamment après un infarctus du myocarde ou dans le cadre de certaines pathologies génétiques ou inflammatoires.
Les signes ne sont pas toujours spectaculaires, mais ils doivent alerter. Les plus fréquents sont :
• un essoufflement à l’effort, qui peut s’installer aussi au repos ;
• une fatigue inhabituelle ;
• des gonflements au niveau des jambes ou des chevilles (œdèmes) ;
• une prise de poids rapide, souvent due à une rétention d’eau ;
• une baisse progressive de l’endurance, même pour des gestes simples du quotidien.
La maladie évolue souvent par poussées, avec des périodes de décompensation qui peuvent nécessiter une hospitalisation.
Le traitement repose sur plusieurs axes, qui visent à soulager les symptômes, ralentir la progression de la maladie, et améliorer la qualité de vie.
Certains médicaments sont devenus incontournables :
• Les diurétiques, pour réduire la rétention d’eau ;
• Les bêtabloquants, pour ralentir la fréquence cardiaque et améliorer l’efficacité du cœur ;
• Les IEC (inhibiteurs de l’enzyme de conversion), ARA II (antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II), ou inhibiteurs de la néprilysine (comme le sacubitril/valsartan), qui allègent le travail du cœur en diminuant la pression artérielle ;
• Les antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes, qui agissent sur les mécanismes de fibrose cardiaque.
• Les glifozines (emplaglifozine, dapaglifozine…) initialement conçues pour traiter le diabète, elles améliorent aussi les symptômes et la survie des patients insuffisants cardiaques.
Elles sont fondamentales et font partie intégrante du traitement :
• Limitation du sel dans l’alimentation ;
• Pesée quotidienne pour surveiller la rétention d’eau ;
• Activité physique adaptée ;
• Sevrage tabagique ;
• et une prise en charge des autres pathologies associées, comme l’hypertension ou le diabète.
Dans certains cas, on peut proposer :
• un défibrillateur automatique implantable, pour prévenir les arrêts cardiaques soudains ;
• un stimulateur de resynchronisation cardiaque (pacemaker), qui aide le cœur à battre de façon plus coordonnée.
Si le traitement médical est correctement pris par le patient et qu’il continue à être gêné, peuvent être indiquées :
• Soit une assistance cardiaque mécanique temporaire voire définitive
• Soit une greffe cardiaque quand cela est possible
La recherche en cardiologie est en pleine effervescence, et les innovations des dernières années ouvrent des perspectives réellement nouvelles.
Comme par exemple la Finérénone : réduit le risque d’hospitalisation, même chez des patients dont la fonction cardiaque est encore peu altérée.
Ces approches pleines d’espoir sont encore expérimentales mais certaines font l’objet d’essais cliniques en cours
• Cellules souches, pour tenter de régénérer le muscle cardiaque abîmé ;
• Exosomes, qui sont des particules sécrétées par ces mêmes cellules souches et dont le contenu est très riche en des centaines de petites molécules qui reproduisent les effets bénéfiques des cellules sur la réparation cardiaque ; le double avantage de cette thérapie « a-cellulaire », véritable médicament biologique, est de ne pas entraîner de réaction de rejet et d’être administrable sous forme d’une simple perfusion intra-veineuse ;
• Transfert de mitochondries, pour restaurer l’énergie des cellules cardiaques ;
Le cœur artificiel, par exemple le dispositif Carmat, déjà implanté chez certains patients, représente une alternative à la greffe.
Des biocœurs, créés à partir de cellules humaines, sont en cours de développement dans les laboratoires.
Grâce aux jumeaux numériques du cœur, on peut désormais modéliser en 3D le fonctionnement cardiaque d’un patient et L’IA peut devenir un partenaire du cardiologue.
L’insuffisance cardiaque reste une maladie sérieuse, parfois invalidante, mais les progrès récents changent les perspectives. Aux traitements éprouvés s’ajoutent désormais des stratégies novatrices, de plus en plus personnalisées et parfois réellement transformatrices. Pour les patients, comme pour les soignants, un nouvel horizon s’ouvre – plus optimiste, plus actif, et surtout, plus porteur d’espoir.
Relu par le Professeur Michel Desnos
Hôpital Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson
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